
La Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) a ouvert l’année judiciaire 2025-2026 sur un constat alarmant de la progression du terrorisme dans le Sahel, devenu épicentre mondial de cette menace. Le Procureur Spécial a souligné que le Bénin, touché depuis 2019 par des attaques transfrontalières, voit se renforcer la présence des Groupes armés terroristes GSIM et EIGS, recrutant la jeunesse locale et s’implantant dans les zones frontalières pour perpétrer leurs exactions. L’histoire récente et l’évolution des méthodes terroristes illustrent une criminalité hybride, technologiquement évoluée et transnationale.
Sur le plan judiciaire, la CRIET a traité 136 procédures liées au terrorisme à fin septembre 2025, avec 770 personnes détenues, révélant l’ampleur du défi. Le Procureur a rappelé la complexité des investigations, entravées par l’accès limité aux zones d’attaque, la multiplicité des acteurs impliqués et la nécessité d’une coopération régionale plus fluide. Ces contraintes soulignent la nécessité d’une synergie accrue entre les forces armées, les services de renseignement, la police et la justice pour garantir l’efficacité de la réponse pénale.
Pour renforcer cette riposte, plusieurs initiatives sont engagées : intégration d’officiers de police judiciaire dans les opérations militaires, judiciarisation du renseignement et institutionnalisation d’un cadre national de coordination. Le Procureur a insisté sur l’impératif de conjuguer droit et sécurité pour protéger les populations et préserver l’ordre démocratique, soulignant que seule une approche juridique rigoureuse peut neutraliser durablement la menace terroriste et rendre justice aux victimes.
Samuel KAKPO