
Le jeune journaliste Dieudonné Idjiwa Apko, qui animait Soir Express et Bonjour le Bénin sur Radio Bénin, la chaîne nationale, a rendu l’âme dans la matinée du vendredi 20 juin 2025, des suites d’une maladie. Depuis l’annonce de son décès, les hommages pleuvent. Samuel Elijah, un professionnel des médias à la retraite, lui a rendu hommage à travers un message poignant.
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> Dieudonné Idjiwa A. K. P. O., c’est ainsi que je le désignais chaque fois que je devais lui passer le micro à la fin du 19h, soit pour qu’il annonce le magazine, soit pour assurer la suite de l’animation.
> Le jour où je lui ai confirmé que je quittais la SRTB, cela lui semblait être une blague. « Je ressemblerai à quoi ? » me semblait-il dire. Je n’avais pas de mots. Tout ce que je lui ai promis, c’est qu’on se verrait souvent pour échanger.
> Dieudonné aimait beaucoup, et aimait surtout apprendre. Il aimait écouter ce qu’il ne savait pas encore, découvrir, se renseigner, et pour lui, personne n’était trop petit pour lui transmettre la connaissance.
> Dieudonné fâché ? J’ai souvent, très souvent été avec lui. Ma voiture, ma place à la rédaction, mon bureau au Centre de Formation… rien n’avait de secret pour lui. On a déjeuné ensemble, voyagé ensemble… je ne saurais tout citer. Je ne l’ai jamais vu hausser le ton, s’énerver, se fâcher… Peut-être que j’exagère, mais pardonnez mon ignorance : personne d’autre ne saurait (peut-être) mieux dire.
> Il ne terminait jamais une émission sans me demander : « Qu’avez-vous à me reprocher ? » Et pourtant, au-delà de son sourire qui ne le quittait pas, sa voix — que moi-même j’enviais — avait un timbre qui forçait l’admiration. Une capacité énorme d’improvisation, qui faisait mentir ce dicton professionnel selon lequel la meilleure improvisation est celle qui est non seulement écrite, mais préparée. Jeunes, ne le copiez pas. Lui, il était exceptionnel.
> Le jour où j’ai dit devant un de ses responsables à la régie : « Dieudonné, tu finiras à la rédaction », son chef hiérarchique m’a rétorqué : « Pardon, ne parle pas fort… tu vas me tuer si on t’entend et qu’on me l’enlève… »
> Quelques mois après mon départ, il m’a appris qu’il était affecté à la rédaction. Je n’ai pas rappelé son chef, de peur qu’il ne m’accuse d’avoir prophétisé en sa défaveur.
> La seule chose que Dieudonné ne partageait pas, c’était sa vie très privée. C’était son jardin secret.
> Il m’appelait, m’écrivait, me demandait si vraiment mon départ était définitif… et quand il me reverrait encore.
> Quand je passais au service, Dieudonné était absent, car il venait de rentrer : il faisait la matinale. Il devait faire des recherches, enregistrer, interviewer, tout en courant après quelques heures de sommeil, avant de se lever à 4h… Aïe…
> Aujourd’hui, c’est avec une forte amertume que je dois parler de lui à l’imparfait. 48 heures avant son départ pour la cité céleste, j’ai discuté avec une ex-collègue de sa situation sanitaire. Je lui ai dit : « Pardon, faites tout pour que la SRTB le sauve, il ne doit pas nous quitter. » Mais après la conversation, j’ai senti quelque chose me dire : « Et pourtant… mais sois fort… » Je ne veux pas tout lâcher.
> Je dis à sa famille, à la SRTB, à tous ses amis : soyez forts. Dieu a choisi ce qui est mieux pour lui… même si ce n’est pas ce qu’il y a de mieux pour nous.
> Un ami, un plus-que-frère, un soutien, et quoi d’autre ? Tu étais tout, Dieudonné. Et pourquoi si tôt ? Ton repos éternel est un supplice pour nous. Dis, comme Paul l’Apôtre aux Philippiens : « …la mort m’est un gain. »
> Adieu. Dors bien.
Amac Roland SIKO